Photo André Abbe
Au cours d’une “Université Occitane d’Eté”, je ne sais plus laquelle, Robert Lafont nous avait raconté cette anecdote: un de ses copains de la région de Narbonne lui avait expliqué qu’il refusait de parler occitan car sa langue c’était le français…. Lafont lui avait répondu “Et tu crois que c’est le français que tu parles ?”. Rires dans le public.
Robert Lafont mettait le doigt sur une réalité. Pour les Français d’une élite autoproclamée, le français parlé avec l’accent dit du Midi, n’était pas tout à fait du français.
Jean Castex en fait aujourd’hui une amère expérience. Je ne suis pas de ses fans inconditionnels mais il a tout ma sympathie. Je signerais bien une pétition contre la bêtise, en faveur de lui et de son accent qu’il traine comme un boulet face aux médias parisiens.
J’ai eu honte un soir récent quand en zappant je suis tombé sur l’imitateur Canteloup imitant Castex; le texte était aussi pitoyable que l’accent imité. Honte à Canteloup et à ses nègres (ceux qui écrivent ses textes). La plupart des imitateurs d’ailleurs ne me font pas rire.
Le mépris pour notre accent tel que l’affichent les imitateurs est comparable à celui des journalistes qui ne font aucun effort pour essayer de prononcer plus convenablement les mots d’occitan, d’italien, d’espagnol, de catalan et de portugais. En revanche, ils se décarcassent pour bien prononcer l’anglais, ce qu’ils ne réussissent pas toujours.
La négation des accents précède de peu la négation des langues. Une journaliste dont je veux oublier le nom a dit sur France Inter que le troubadour Bernat de Ventadorn (Bernard de Ventadour) avait écrit en vieux français. Toutes ses poésies avaient été écrites en occitan qu’on appelait au XIIe siècle provençal, limousin ou roman. Ces noms n’avaient pas de lien avec la région d’origine des troubadours.
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Je m’énerve inutilement. Tout ça n’ aura une fin que lorsque plus personne n’aura notre accent.
André Abbe