La légende de la princesse Barbe des Baux

La princesse Barbe vient d’atteindre sa vingtième année. Les plus nobles seigneurs ont déjà demandé sa main mais c’est à son cousin le seigneur Guilhem d’Estoc de la cité d’Aix que ses parents l’accordent à la condition qu’il attende les épousailles trois ans.

Guilhem, doué du génie poétique autant qu’un maître troubadour, trompe les longueurs de l’attente, en chantant les vertus et les charmes de sa fiancée.

La troisième année touchant à sa fin, Guilhem part d’Aix avec ses parents et vient au château des Baux demander la main de sa promise.

Le pont levis franchi il aperçoit la mère de Barbe, pâle et triste, cherchant à retenir ses sanglots. On lui explique qu’atteinte d’une fièvre maligne, Barbe se débat dans le délire puis qu’elle retombe ensuite sur sa couche, et de ses lèvres rigides on l’entend murmurer le nom aimé de Guilhem.

Comme si elle avait attendu l’arrivée de son fiancé, subitement elle se tait, elle ne s’agite plus, une pâleur livide s’étend sur son visage, la jeune fille est morte.

Des cris désolés emplissent alors la chambre, et la mère de Barbe se jette lamentable sur le corps de son enfant… Guilhem qui s’est agenouillé près de la couche ne dit mot, se lève, porte à ses lèvres la main qu’il a dotée de l’anneau des fiançailles, jette un long regard sur le cadavre puis  s’affaisse, la douleur l’a tué.

On décide qu’ils seront ensevelis dans le même caveau.

Lors des obsèques, les psaumes ont cessé, à la lueur des torches on descend les degrés du caveau seigneurial.  Au moment où le cercueil va s’aligner à côté du celui de Guilhem, avant que le couvercle  ne se referme, le cadavre de Barbe semble remuer, il ouvre les yeux, Barbe vit encore.

On tire la moribonde de son cercueil, et on la rapporte sur son lit encore couvert de roses et de lis.

On n’ose se bercer de trop d’espérance, mais une semaine après, on se décide à sceller la porte du caveau. Barbe est guérie.

Ses premières questions sont pour Guilhem d’Estoc, et on doit l’instruire avec ménagement de la mort émouvante de son fiancé.

À cette nouvelle, Barbe forte et calme, déclare qu’elle n’appartient désormais qu’à Dieu. Un mois après, dans la ville natale de Guilhem, les religieuses de Notre-Dame de Nazareth l’admettent au nombre de leurs sœurs.

Du cloître elle ne sort que morte bien des années plus tard. On porte alors son corps dans la crypte funéraire du château des Baux, et, d’après le désir qu’elle a souvent exprimé, on la dépose à la même place qu’elle a occupée une fois déjà, à côté du cercueil de son fiancé.

Claude Boyer d’après la légende écrite par l’abbé L.Paulet

Source Généprovence.

Photo: Fréquence Sud

 

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