Avec Julien, de la Chaussette à la Panouche

Julien Raynaud en transhumance-  Alpes Maritimes
Le berger Julien Raynaud avec son chien dans les années 80. Photo André Abbe
Le berger Julien Raynaud avec son chien dans les années 80. Photo André Abbe

Julien Raynaud (1916- 2015) mon ami berger de Briançonnet (Alpes- Maritimes) avait dans sa musette un flacon d’huile de cade (un genévrier) qui était autrefois le remède universel des bergers. Nous reparlerons de cette fameuse huile plus tard.

Il avait aussi renoncé à porter des chaussettes, qui se trouaient après avoir été portées un jour ou deux, pour entourer ses pieds de pièces de vieux draps, carrés de 50cms x 50 environ, des “panouches” (panochas ou panoucho en provençal selon la graphie).

Le berger Julien Raynaud dans sa cabane de l’Adrech dans le Mercantour (Alpes Maritimes) dans les années 80. Photo André Abbe

Nous le voyons sur la photo dans sa cabane de l’Adrech sur les pentes du Mercantour (commune de Beuil). Il entoure ses pieds de chaussettes russes avant de partir de très bon matin retrouver son troupeau. Il loge dans cette cabane, sa résidence principale, de fin juin à mi août puis il va retrouver plus haut une cabane beaucoup moins confortable. Cette photo date des années 80, le loup n’était pas encore revenu… Aujourd’hui, la vie du berger transhumant est moins sereine

Julien et son épouse Raymonde sont les personnages principaux de “Bergers de Provence et du pays niçois” (Serre-1989) et “Souvenirs de Transhumance en Haute Provence” (passadoc-2016)

La panouche c’était un vieux tissu qui en fin de vie pouvait devenir une serpillère, ou bien une femme en tenue très négligée.

C’était bien méchant.

Mon père employait le mot “apanouchi” (transformé en panouche) pour désigner un vêtement ou un tissu très froissé presque “estrassé”. “L’estrasse” c’est le chiffon, ne pas confondre avec la “panouche”. On dit aussi de quelqu’un qui se laisse aller ou qui boit qu’il est une “estrasse”

Les chiffonniers

J’ai pensé hier à mon ami Julien et à ses panouches qu’il appelait ses “chaussettes russes” grâce à Marie-Thérèse Porchet, une comédienne talentueuse suisse francophone que j’ai vue tout à fait par hasard sur internet. Elle se moquait des “bourbines” avec une férocité mordante, c’est le surnom que donnent les Suisses romands aux Suisses alémaniques.

Dans son sketch, à un moment donné elle a brandi une serpillère qu’elle a appelée “panosse”. Mon amie Renée, née dans l’Ain employait aussi ce mot. Panosse, panouche, c’est bien sûr le même mot. En Suisse romande, dans l’Ain, on parle ou on parlait le franco- provençal proche de l’occitan.

Je regrette que les dialectes du franco- provençal n’aient pas été considérés comme des dialectes du nord occitan, ce qui aurait été légitime. Ils auraient ainsi bénéficié de l’officialité de l’occitan, la langue des troubadours et de Frédéric Mistral prix Nobel de littérature en 1904.

Pardonnez la digression, je commence avec les chaussettes russes de Julien et je termine avec le franco- provençal….. grâce au mot panouche.

André Abbe

Photos : gallica/wikipedia/espaci occitan

% commentaires (2)

[…] Le berger Julien Raynaud met au monde un agneau; à l’arrière plan sèchent des morceaux de tissus blancs qui font office de chaussettes (surnommées panouches). […]

Le chien s’appelait Briant, si mes souvenirs sont bons.
Je te pique les photos !
Amitié

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