Henri Antonin Charrière, ce nom vous dit quelque chose ? Et si je vous dis le bagne de Cayenne et Papillon… Retrouvez son histoire dans cet article de Claude Boyer. A la fin, un documentaire de la RTBF retrace son histoire.
Une enfance perturbée et tumultueuse
Henri Antonin Charrière nait en 1906 à St Etienne de Lugdarès en Ardèche. Son père, instituteur, part pour le front en 1914, il en revient grièvement blessé. Il a dix ans quand sa mère meurt d’une maladie contractée auprès des blessés indochinois rapatriés du front et qu’elle soigne comme bénévole.
Henri devient alors un enfant perturbé et agressif.
Son père, très diminué par sa blessure, ne peut assumer ce garçon turbulent et le met en pension à Crest dans la Drôme. Au cours d’une rixe il blesse gravement un camarade d’un coup de couteau
Les débuts de la dérive
Pour lui éviter des sanctions judiciaires son père lui fait signer un engagement dans la marine, il a 17 ans et part pour Calvi où il se fait tatouer un papillon sur la poitrine.
Ne supportant pas l’autorité militaire, lors de travaux auxquels sont astreints les fortes têtes, avec la complicité d’un camarade il simule un accident et se fait écraser le pouce entre deux pierres et on l’ampute de ce doigt. Cette blessure lui vaut d’être réformé.
Il retourne en Ardèche, vit de petits boulots et de trafics illégaux. Grâce à son charisme et sa « grande gueule » il se fait un nom dans la petite délinquance locale et devient « Papillon Pouce-Coupé »
Son père tente de le remettre sur le droit chemin en lui faisant faire une demande pour entrer dans l’administration, mais son passé le rattrape et on lui oppose une fin de non recevoir.
La vie de malfrat à Paris
Il décide alors de monter à Paris et de vivre en marge de cette société qu’il juge responsable de l’handicap de son père et surtout de la mort de sa mère.
Il devient vite une figure de Pigalle et de la Place Blanche où il est officiellement électricien mais vit en fait des charmes de sa compagne Jeannette Fourel dite « Nénette », une jolie brune de 18 ans pas très farouche.
C’est sur cette place Blanche qu’est assassiné Roland Legrand un autre souteneur. Avant de mourir celui-ci dénonce son agresseur comme « Papillon Roger ». On arrête Charrière qui clame son innocence car lui est connu comme « Papillon Pouce coupé » mais rien n’y fait il est condamné à la déportation à perpétuité au bagne de Cayenne en Guyane.
Il n’a jamais renié ses actes mais a toujours nié ce crime.
Déporté à Cayenne pour un crime qu’il n’a pas commis
Il embarque comme « transporté » avec d’autres forçats sur la Martinière, un cargo aménagé pour le transport des bagnards qui fait la navette entre St Martin de Ré et Cayenne.
S’ensuivent treize années de détention pendant lesquelles il n’a de cesse de s’évader.
Après plusieurs tentatives infructueuses autant que rocambolesques il réussit enfin son évasion sur un sac de noix de cocos comme embarcation de fortune depuis l’île du Diable où ont été aussi détenus Guillaume Seznec et Alfred Dreyfus. Il arrive au Vénézuela où il se fixe et obtient la nationalité. Il devient un commerçant respectable, bien décidé à mener une vie honnête dans ce pays qui l’a accueilli malgré son passé.
fin de vie
Photo : criminocorpus
En 1967, la prescription de ses crimes lui permet de revenir en France où il retrouve ses amis d’enfance et sa famille et c’est en 1969 qu’il écrit son célèbre livre d’aventures « Papillon »
Ce livre qui se veut autobiographique a soulevé bien des critiques car il se serait largement inspiré des aventures de René Belbenoît dont les péripéties sont avérées contrairement aux siennes qui n’ont jamais pu être prouvées.
En 1973, Steve Mc Queen incarne un Papillon plus vrai que nature aux côtés de Dustin Hoffman dans un film au titre éponyme qui connaît un grand succès.
Henri Charrière meurt à Madrid peu après la sortie du film.
Pour aller plus loin : le documentaire de Benoît CORNUAU
Claude Boyer