Les langues n’ont pas de frontière ! D’un côté et l’autre de la frontière italienne, on parle occitan. Et pour compléter l’article et les photos d’André Abbe, Claude Boyer nous fait profiter de ses photos récentes de voyage.
12 vallées d’Italie
Photo; Marie Odile Beraud
Dans les hautes vallées alpines des provinces de Cuneo et de Turin, on parlait un dialecte qui n’était ni du piémontais, ni de l’italien. Ses locuteurs ne se souciaient guère de son origine, ils se contentaient de dire qu’ils parlaient “A nostro modo”.
Mais au début du XXe siècle un linguiste s’est aperçu que cet “a nostro modo” était un dialecte vivaro- alpin de l’occitan. Plus tard François Fontan, théoricien de l’ethnisme, l’a fait savoir aux gens de ces vallées. Ils ont donc appris que leur parler qu’ils croyaient sans importance était en fait la langue des troubadours, prestigieuse au Moyen Age.
La pratique de l’occitan en Italie a reculé face au piémontais et à l’Italien. Autrefois, il était parlé jusqu’à Coni (Cuneo), Saluzzo, Pinerolo. Aujourd’hui, il faut se rendre dans les parties moyennes et hautes des 12 vallées pour l’entendre. En revanche, il est la langue des familles, tout le monde le parle compris les enfants.
Un dialecte proche du “Gavot”
Pour le provençal que je suis, il est facile de comprendre ce dialecte “gavot” proche de celui parlé dans le Queyras. Quelques mots m’échappent par ci par là. Je ne parle que mon provençal maritime et les gens me comprennent, je n’essaie pas d’adapter mon parler au leur.
C’est dans la vallée Stura que la langue est le plus proche du provençal. Partout le “Si” a été adopté, mais à Blins (Bellino), haute vallée Varaita et dans peu d’autres villages le “Oc” s’est maintenu. J’entrerai un jour dans les détails si le sujet intéresse nos lecteurs.
l’Occitan, très tendance côté ItaliEn
Photo: Claude Boyer
Aujourd’hui, du côté Italien, l’Occitanie et l’occitan sont à la mode. Beaucoup de boutiques, de bars… portent un nom occitan. La croix occitane flotte partout. Beaucoup de villages ont choisi d’afficher leur nom occitan à leur entrée.
La musique occitane attire les jeunes. Le groupe le plus connu “Lou Dalfin” (voir affiche photographiée en juillet) fait le plein partout. Le plus souvent les concerts sont suivis du “balèti” au son des vièles , des accordéons diatoniques et des violons. Les jeunes dansent gigues, bourrées, courantes.. Je n’ai jamais essayé de danser avec eux… ces danses, il faut les apprendre, pas question d’improviser.
Photo: Marie Odile Beraud
André Abbe.