Le père de Marcel Pagnol était fier de montrer ses deux bartavelles aux villageois et heureux d’être photographié par le curé.
Plus modestement, je vous montre le plus grand lactaire délicieux ou “sanguin” (en provençal le pinenc) qu’il m’ait été donné de trouver au cours de ma longue carrière de chercheur de champignons. Pour donner une échelle, j’ai placé à côté une feuille de chêne et mon couteau de Nontron.
Il existe de très nombreux lactaires et la plupart ne sont pas délicieux du tout. Il existe deux variantes du délicieux. Celle de la photo d’une belle couleur orangée et une autre, plus rare, de couleur lie de vin. A Roquebrune c’est le “vinachou”, j’ignore s’il existe un nom français. Adolescent, j’allais aux champignons à vélo le jeudi et allais le soir les apporter pour me faire quatre sous à un courtier qui les vendait sur le marché de Nice. Les dames qui faisaient le tri séparaient les sanguins des vinachous, à chacun sa cagette.
Le Nontron est moins connu que l’Opinel et le Laguiole. C’est le plus ancien couteau fermant de France, virole en laiton et manche en buis pyrogravé. Il est produit par trois couteliers dans la petite ville de Nontron au coeur du Périgord vert, au Nord du département de Dordogne. Le mien est un Chaperon, le nom est sur la lame, que j’avais acheté sur place conduit par une amie professeure d’occitan (j’emploie le néo français). Dans l’atelier du coutelier on parlait encore le dialecte limousin, nord occitan, il y a 35 ans. Je n’y suis pas retourné et j’ignore si la pratique de la langue s’est maintenue à un bon niveau à Nontron.
La cueillette des champignons doit se faire à l’aide d’un couteau, il faut penser aux récoltes prochaines et laisser le mycélium dans le sol, l’arrachage est un saccage.
André Abbe