Le trop plein d’Avignon

En ajoutant le Off au In, il y a cette année 1800 spectacles présentés au Festival d’Avignon. Je me souviens, dans les années 80 on se demandait comment 300 à l’affiche pourraient trouver leur public. Trente ans plus tard, on se repose la même question avec six fois plus de spectacles !

Il m’est hélas souvent arrivé d’assister à des représentations où les artistes sur la scène étaient plus nombreux que les spectateurs dans la salle. Avant même mai 68, les situationnistes critiquaient une culture marchandise au service du capitalisme. Y a-t-il trop de marchandises au Festival d’Avignon ? Les troupes sont venues participer au Off pour « vendre » leurs spectacles aux directeurs de théatre et aux organisateurs de Festivals. En cela on peut parler de culture marchandise. Dans ce cadre marchand, la qualité d’un travail est souvent mal payée.

Lors de ma précédente sortie au Festival d’Avignon, lors de ses derniers jours, j’étais allé assister à un seul en scène sur San Antonio, le commissaire héros de Frédéric Dard. Dans mes années d’adolescence au pensionnat, les maudits pions me confisquaient les romans de San Antonio pour pouvoir les lire gratos. Mon intérêt pour San A n’a pas baissé. Dans la petite salle du Off nous étions 5 ou 6 spectateurs. J’ai hélas oublié le nom du comédien. Son spectacle était excellent, le dardophile que je suis peut l’affirmer. J’ai discuté avec lui à la sortie. Il m’a dit que la famille de Frédéric Dard l’avait félicité après avoir vu son seul en scène. En quittant ce comédien, j’ai rencontré entre 100 et 200 personnes qui faisaient la queue sur un trottoir. Ils attendaient les Chevaliers du Fiel… et leurs municipaux, gloires de la télévision. J’apprécie nos deux Toulousains mais je regrette le manque de curiosité des publics. Les situationnistes avaient raison. Les pièces de théatre sont des produits de consommation comme les autres. Il faut savoir provoquer le désir de les consommer.

Je vais me rendre au Festival au cours de ses derniers jours à la fin de ce mois. Certains spectacles du Off qui n’ont pas trouvé leur public ne seront plus joués, mais on retrouvera leur trace dans les caniveaux et sur les murs de la ville. Les tracts et les affiches ont la vie dure. Je vous raconterai mes quatre jours de festivalier 2017.

André Abbe

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