Raymond Maufrais ou Les aventures d’un Varois en Amazonie

Babelio
Enfance et adolescence.

Raymond Maufrais naît à Toulon, le 1er octobre 1926. Il est fils unique, et choyé par ses parents. C’est un enfant turbulent et bagarreur à tel point que ses parents l’envoient en pension alors qu’il n’a pas neuf ans. Loin d’être calmé il fait le mur avec deux camarades et tous trois disparaissent dans les collines boisées du Haut Var.

Les trois fugueurs trouvent refuge dans une grotte où les gendarmes guidés par leurs chiens ne les retrouvent qu’au bout de quatre jours de recherches. Ils sont en bonne santé, l’aventurier en herbe avait prévu du ravitaillement ; il déclare aux gendarmes qu’il comptait « rejoindre une colonie dans les montagnes »

Afin de lui donner l’illusion de la vie d’aventurier dont il rêve, ses parents l’inscrivent au scoutisme, il deviendra totem « Otarie Téméraire » tant les autres scouts sont impressionnés par ses capacités de nageur et de plongeur, aptitudes grâce auxquelles il obtiendra son brevet de nageur-sauveteur scolaire.

Cependant il n’est pas à proprement parler un brillant élève hormis en littérature. Son professeur de français qui détecte en lui des dons d’écrivain le baptisera « le futur journaliste » et il ne cache ses ambitions de devenir un grand reporter.

Grands Reportages

À l’insu de ses parents, il achète une carte d’Amérique du Sud qu’il passe des heures à contempler en rêvant. À l’emplacement du Mato-Grosso il trace une croix rouge à côté de laquelle il écrit « C’est là que j’irai »

C’est à 16 ans en 1942 qu’en écoutant les émissions de la BBC lui vient l’idée de rejoindre l’Angleterre.

Il s’enfuit pour Dieppe mais une nuit il tombe d’une falaise et se blesse. Inconscient il est recueilli dans un couvent où il reçoit des soins mais doit dire adieu à l’Angleterre. La mort dans l’âme il rentre à Toulon où il participe à des actions aux côtés des maquisards, il distribue des tracts du réseau Combat, recueille çà et là des informations sur les troupes ennemies qu’il transmet à la Résistance dont il ignore que son père est devenu chef de groupe du réseau Armée Secrète et Combat.

Craignant pour sa vie, ses parents l’envoient en pension à Cahors, pension de laquelle il s’évade après leur avoir écrit : « La France a besoin d’hommes, pas de diplômes, je pars » et il s’engage dans le maquis du Périgord.

Il rentre à nouveau à Toulon et participe activement avec son père à la préparation du débarquement de Provence durant lequel ce dernier est blessé.

Raymond lui s’illustre au combat, à tel point qu’il n’a pas 18 ans lorsqu’il est cité à l’ordre de la brigade, décoré de la Croix de guerre avec étoile de bronze et de la médaille de la reconnaissance française.

Aussitôt Toulon libérée il s’engage dans l’armée comme correspondant de guerre puis comme parachutiste.

Expéditions chez les Indiens xavantes du Mato-Grosso (Brésil)

C’est en 1946 que Raymond réalise son rêve de partir enfin pour l’Amazonie. Ses économies sont justes suffisantes pour payer le voyage en bateau et c’est dans le dénuement le plus complet qu’il débarque en Amérique du Sud où il fait connaissance d’une aventurière italienne, amie d’un ministre; celle ci lui ouvre les portes de la forêt grâce à ses relations ce qui lui permet d’être admis au sein d’une mission auprès des indiens Xavantes appelés « les tueurs du Mato-Grosso » et réputés hostiles aux blancs.

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En attendant le départ de l’expédition, il prend des notes pour le livre qu’il a en projet en se rapprochant des trafiquants de peaux, orpailleurs, prospecteurs de diamants, il mettra en avant la vie de souffrance et les espoirs trop souvent déçus de ces hommes obnubilés par le miroir aux alouettes de la pépite ou de la pierre qui les rendra riches.

Le jour du départ arrive enfin et c’est une douzaine d’aventuriers qui vont remonter les rivières, traverser la jungle à cheval avant d’arriver à l’île Carajas où ils feront un séjour que Raymond mettra à profit pour se livrer à une étude ethnographique des indiens du lieu.

L’expédition remonte ensuite 1800 km de rivières et plus de 900 de pampas et de forêts avant d’arriver dans une clairière de la sierra do Roncador où Maufrais et ses compagnons découvrent les restes de l’expédition précédente massacrée par les Xavantes qui les assaillent à leur tour.

Un membre de l’expédition est tué d’une flèche dans le cou, ils parviennent à s’échapper mais le retour est pénible, ils souffrent de la faim et de la soif.

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Maufrais participera à une seconde expédition qui réussira un contact pacifique avec les Xavantes auprès desquels il vivra et fera une étude de leurs mœurs, coutumes et lois.

Voyage sans retour en Guyane

Raymond rentre ensuite en France et grâce à ses notes, écrit un livre intitulé « Aventures au Mato-Grosso », (éditions Julliard) il donne des conférences en France et à l’étranger.

Ses parents espèrent qu’il va se calmer mais l’appel de l’aventure est le plus fort et il repart en 1949 avec le projet de relier la Guyane Française et le Brésil par les monts Tumuc-Humac, redescendre el rio Jary jusqu’à Belem et tout ça à pied. Il veut faire la lumière sur une tribu qu’on lui a signalée dont les membres seraient grands, blonds et vivraient à l’âge de pierre.

La revue Sciences et Voyage lui fait une avance sur les articles à venir de cette nouvelle aventure, articles qu’il réservera bien sûr à la revue.

Le jour où il embarque sur le Gascogne son père lui dit : “Si dans six mois tu n’es pas revenu, j’irai te chercher 

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Il débarque à Cayenne, effectue des reportages sur les lépreux de l’Acarouany, les bagnards libérés, les Indiens Galibis et les orpailleurs. En septembre, il accompagne une mission géologique qui atteint le village de Sophie après neuf jours de pirogue.

Le fleuve Mana ne compte pas moins de 99 rapides qu’il faut passer dans l’eau en remorquant le canot à la corde. Au passage d’un des sauts, Raymond fait l’admiration du groupe : Il blesse un caïman d’un coup de fusil, la bête s’enfuit mais il la rattrape l’achève au couteau et la ramène sur la berge.

L’expédition arrive enfin à Maripalousa, elle va rester trois semaines en attendant la fin de la saison des pluies pour poursuivre le périple d’où il repart seul avec son chien Bobby et sans vivres comptant se nourrir de chasse et de pêche.

Il tient quotidiennement à jour son carnet de route, il raconte ses états d’âme, ses difficultés, ses espoirs, ses angoisses. Mais son calvaire ne fait que commencer : il se foule une cheville, souffre de la faim, de dysenterie et doit lutter en permanence contre l’hostilité de la forêt qui ne le nourrit que de lézards, d’escargots, de graines, de rares oiseaux ou de tortues et finit par sacrifier son chien Bobby pour le manger.

Début 1950 c’est dans un état d’épuisement complet qu’il atteint enfin le Tamouri où se dressent quelques huttes. 

Il reprend des forces et il lui reste malgré tout assez de raison pour accepter maintenant de modifier son trajet et se rendre au plus vite à un poste habité.

Il compte partir à la nage au village créole de Bienvenue, à 70 kilomètres de là.

Transboreal

Sa dernière note est écrite le vendredi 13 janvier 1950, il laisse ses affaires et ses précieuses notes si fidèlement tenues au village comptant revenir les récupérer, ensuite il place dans le petit sac étanche de son appareil photo les objets de première nécessité et n’emporte qu’une machette.

Malgré son extrême faiblesse. il se jette à l’eau et disparaît dans les remous.

On ne le reverra plus.

Plus d’un mois après sa disparition, ne le voyant pas revenir un habitant du village remet ses affaires aux autorités et ce n’est que le 6 juillet que l’agence de presse de Guyane hollandaise (l’actuel Suriname) annonce sa disparition.

Le lendemain, la presse française relaie l’information, et c’est le début de « l’affaire Maufrais ».

Elle sera alimentée par de nombreux articles. L’inévitable cohorte des radiesthésistes et autres charlatans en mal de publicité affirmeront qu’il est vivant quelque part en Amazonie, qu’il a été recueilli par une tribu dont il est devenu le chef. Des hypothèses toutes plus ou moins farfelues alimentent une controverse sans fin.

Un père à la recherche de son fils disparu.
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Une nouvelle aventure Maufrais commence en juillet 1952.

Edgar le père de Raymond embarque pour le Brésil, laissant une épouse prostrée devant les photos de son fils disparu et de son mari.

Edgar Maufrais va parcourir 12000 km en Amazonie pendant 10 ans en montant 18 expéditions, se rendant dans tous les endroits où l’on a signalé un blanc, exhibant une photo de son fils.

call of the wild

Tout ce périple sans aucune préparation ni moyens. Pour partir il a demandé un congé sans solde aux arsenaux de Toulon où il est comptable, vendu des bijoux familiaux et touché des droits d’auteur des deux livres écrits par son fils et édités chez Julliard.

Il finira par renoncer aussi épuisé que son fils, après qu’une mission partie à sa recherche l’ait retrouvé en juin 1964 au bord de l’inanition, malade et victime de la dysenterie. Sauvé de justesse, il accepte de mettre fin à ses recherches et de rentrer à Toulon.

RTS

Il meurt, dix ans plus tard. Son épouse, qui a attendu son mari recluse, restée seule lors des différentes expéditions de recherche espérant le retour de son fils unique, perd la raison et meurt en 1984 dans un hospice de Toulon.

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Hommages

Une association appelée l’Association des Amis de l’Explorateur Raymond Maufrais (AAERM) existe depuis près de 70 ans, rebaptisée en 2015 Association des Amis d’Edgar et Raymond Maufrais en souvenir du père qui rechercha son fils pendant 10 ans.

Depuis 1976 il y a une rue “Raymond et Edgar Maufrais” à Toulon dans le quartier de la Floranne,

En 2013 un long-métrage tourné en Guyane et intitulé “la Vie pure” tiré de la vie de l’explorateur est nominé deux fois aux Lumières 2016, Meilleur Premier film pour Jeremy Banster et Révélation masculine pour Stany Coppet.

Passadoc a rencontré Jérémy pour discuter des coulisses de son tout premier film en tant que réalisateur : La Vie Pure.

France bleu

Il sera récompensé de l’Orchidée de bronze au festival du film de La Réunion en 2014 et retenu dans pas moins d’une quinzaine de festivals nationaux et internationaux.

Claude Boyer

Sources: wikipedia-AAERM

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