J’avais oublié de me coiffer avant de faire la photo, je le regrette.
En compagnie de mon ami Adama Berté, au centre, médecin malien (de l’ethnie Sénoufo) en 1982. Nous avons eu la chance de nous revoir en 1997 à Bamako.
Au cours de plusieurs voyages en Afrique francophone subsaharienne, autrefois appelée “noire”, j’ai été victime de racisme… mais je ne m’en étais pas aperçu !
Il m’est arrivé de me déplacer seul parmi des Gabonais et des Congolais en taxi, en bateau, et on m’appelait “le blanc”. Je trouvais ça normal étant donné que personne ne savait qu’on m’appelait André ou Dédé. Je trouvais ça normal d’être “le blanc”.
Au Mali, on m’appelait “le toubab” (le blanc)… mèfi, il m’est arrivé d’entendre parler à la radio ou a la télé des “toubabs”. Funeste erreur. En bambara le pluriel de toubab est “toubabou”.
Je me souviens d’enfants qui avaient suivi notre petit groupe pendant que nous traversions leur village en criant “toubabou”. Je les trouvais moqueurs mais pas racistes.
L’affaire du parc des Princes et du 4e arbitre roumain m’a appris que définir quelqu’un de “noir” parmi les blancs est raciste. Si je retournais au Gabon un jour, je veillerais à ce que personne me m’appelât “le blanc”. Mais je ne retournerai plus au Gabon.
Suis je vraiment blanc ? La question mérite d’être posée. Au Pays- Bas en 1974, je m’étais retrouvé au commissariat parce que j’avais fait une photo à proximité d’une agence bancaire.
On m’avait pris pour un Italien et un groupe d’Italiens avaient commis des vols à cette époque. En Suède et en Norvège, j’ai souvent eu l’impression qu’on me tenait à l’oeil. Je n’étais pas du même monde que les gens du pays.
J’ai aujourd’hui les cheveux blancs, je passerais plus facilement inaperçu en Scandinavie.
André Abbe