L’opéra Didon et Enée au Festival d’Aix était un grand moment de 2018.
“Il faut toujours avoir une bonne chute” expliquait André Abbe. Et là encore, on en a une bonne démonstration.
Et en épilogue, la réponse d’Alain Barthélémy qui mélange 2 langues : occitan et bambara. Chapeau bas !
Je ne suis pas allé au Festival d’Aix cette année mais j’ai pu assister à une représentation de “Didon et Enée” d’Henry Purcell grâce à Arte. Cet opéra dure moins d’une heure, il convient d’y ajouter quelque chose pour que le spectateur en ait pour ses sous.
Il y a presque quarante ans, j’avais assisté à un “Didon et Enée” dans la cour de l’Archevêché qui m’avait permis de voir sur scène la grande mezzo soprano anglaise Janet Baker dans le rôle de Didon. En première partie avait été donnée la musique pour les Funérailles de la Reine Mary de Purcell lui même.
Cette année, nous avons eu droit à un prologue de vingt minutes dans lequel la comédienne et chanteuse malienne Rokia Traoré jouait le rôle d’un femme de Chypre accompagnée d’une kora. Elle parlait en français et chantait en bambara. Dieu sait que j’aime les griots et leurs contes.
Grâce à mon ami Hubert de Martigues j’ai pu en écouter dans les nuits maliennes en 1982, c’était envoutant en dépit de ma faible connaissance de la langue bambara. Toutes les phrases se terminaient par “Namou”, je m’y revois. Mais la présence d’une femme griot en prologue d’un opéra anglais du 17em siècle, ici à Aix, tenait du mariage de la carpe et du lapin.
Le spectateur qui avait payé 200 euros pour écouter Purcell n’était peut être pas disposé à écouter Rokia. Je vais passer pour un méchant ringard. Maylis de Kerangal a écrit ce prologue pour montrer que la tragédie de la phénicienne Didon devenue reine de Carthage fait écho dans notre monde d’aujourd’hui où la femme est victime.
J’aime trop Purcell pour le voir malmené. Il est mort trop jeune, l’histoire dit qu’il rentrait bourré chez lui dans une nuit d’hiver londonienne. Sa femme aurait refusé de le laisser entrer, il aurait attrapé froid et en serait mort. Ma compassion va à tous ceux qui boivent trop un soir de fête.
André Abbe
A VOIR : l’opéra Didon et Enée au Festival d’Aix 2018 diffusé par ARTE
A LIRE : l’épilogue d’Alain Barthélémy mi-bambara, mi-occitan
Efetivament, aurié degut comprendre qu’èra pas dins nòstre náamu (règla, costuma) de metre en prològue a n un operà una frema que vèn de k’i kùn náamu (se metre un turban) même pèr ká kúma náamu (parler à mots couverts) de l’intriga de la pèça ; tambèn degun li diguèt nàamù (òc : responsa a n un contaire ; invitacien à perseguir) nimai li diguèt náminε (escoti), ce qu’aurié degut li metre la niera a l’aurelha sus l’inconvenènci de la situacien. Pasmens cadun aurié poscut trovar tot’aquò en picant sus sei smartfònes Dicionari bambarà
Alain Barthélémy