Histoires capillaires
En provençal, il faut savoir tendre l’oreille: la pèu avec un E ouvert c’est la peau, lo péu avec un E fermé c’est le poil du corps y compris le cheveu et lo péu c’est aussi le pou. En languedocien, la situation est plus claire, puisque la peau se dit la pèl et le pou, lo pesol.
On entend parfois “lo chivu” pour le cheveu mais le mot doit venir du français.
Une “pèu” dans l’argot provençal, c’est aussi une femme de mauvaise vie, les hommes de mauvaise vie sont traités de “macarèus”
Revenons au “péu”, le pou. J’évoque ici un souvenir personnel. Mon père m’avait raconté que dans son enfance il y avait trois classes d’enterrement, ce qui à mes yeux n’était pas très catholique. La classe des riches avec plumet sur la tête du mulet et autres décorations, le curé en grande tenue, le pluvial en hiver, accompagné d’une douzaine d’enfants de choeur. La classe des gens du peuple avec une paire d’enfants de choeur et la hors classe des indigents, sans enfant de choeur. Il y avait aussi trois classes de glas.. le glas des indigents était le tintement de la plus petite cloche du clocher; les Roquebrunois appelaient ce glas “lei péus t’an rueigat” (les poux t’ont rongé). Les choses ont changé aujourd’hui, dieu merci.
Je me suis photographié au musée Fabre à Montpellier devant le buste du seigneur Deydé portant perruque… j’ ai essayé de m’imaginer avec ce fourbi sur la tête et je me préfère avec mes quelques cheveux gris.
André Abbe
Dans le temps on disait : “se faire une peau de rire” = “si faire una pèu de rire” (-; en français on dit : “s’estrasser du rire” ;-).
Une idée sur l’origine de cette expression ?